lE BOULEVARD DE LA PAIX UNE SUTURE ARTISTIQUE

Amorcé en 2015, le projet d'Art Urbain le long du Boulevard de la Paix constitue la nouvelle initiative d'envergure de L'Art Prend la Rue après DéDalE. Sur cette artère percée dans les années 1950 pour désengorger le centre historique et faciliter la reconstruction de Lorient, l'association opère une suture artistique : transformer par le néo-muralisme une césure urbaine en galerie à ciel ouvert. Un projet qui s'écrit dans la durée, au fil des interventions et de la médiation avec les acteurs du territoire.

Fondée à Vannes en 2017, l'Association L'Art Prend la Rue se donne pour missions de promouvoir l'art urbain et de questionner sur l'occupation de l'espace public. Le Boulevard de la Paix incarne cette ambition : faire du territoire vannetais un lieu de dialogue entre la ville, ses habitants et les pratiques artistiques contemporaines. Après DéDalE, l'association engage avec ce projet sa nouvelle initiative d'envergure, pensée pour se déployer dans la durée le long du boulevard.

Le Boulevard de la Paix porte en lui l'histoire de la reconstruction vannetaise. Percé en deux temps (1955 et 1963) dans le contexte de l'après-guerre, ce boulevard long de 1,2 km a profondément transformé le tissu urbain de la ville. Sa création répondait à un enjeu majeur : faciliter l'axe de circulation routière Nantes-Lorient à une époque marquée par le développement rapide des transports. Avant le boulevard, les très nombreux camions qui œuvraient à la reconstruction de Lorient, ville largement détruite par les bombardements, traversaient le centre historique de Vannes en remontant la rue du Mené. Cette percée visait donc à désengorger le cœur de ville tout en répondant aux besoins de relogement des populations et d'adaptation à la modernité : décentralisation industrielle, nouveaux équipements publics. L'opération a entraîné la démolition de quartiers anciens, la disparition de rues et de places, créant une véritable césure dans le tissu urbain. Aujourd'hui, en investissant ces murs qui témoignent de cette période charnière de l'urbanisme vannetais, L'Art Prend la Rue opère une suture artistique : celle qui réunit symboliquement ce qui fut divisé, qui tisse un dialogue entre passé et présent, entre mémoire urbaine et création contemporaine, transformant une coupure en trait d'union.

Cette initiative dépasse la simple décoration urbaine. Chaque intervention fait l'objet d'un travail de médiation approfondi avec les propriétaires et voisins des murs, d'un dialogue avec les acteurs du quartier, et lorsque le contexte s'y prête, d'ateliers en amont avec les établissements scolaires. L'intervention de L7matrix au Collège Jules Simon en 2024 illustre parfaitement cette démarche : réalisée avec la participation active des élèves, elle a permis de tisser un lien fort entre création artistique et projet pédagogique. Cette approche de médiation et d'intégration architecturale respecte la singularité des lieux tout en affirmant la légitimité de l'art urbain dans l'espace commun.

Le néo-muralisme, une identité artistique forte

Le néo-muralisme, courant majeur de l'art urbain contemporain, se caractérise par une approche picturale sophistiquée qui réinterprète les codes du muralisme historique. Cette esthétique privilégie les compositions monumentales, les palettes colorées recherchées et une virtuosité technique qui transcende les frontières entre art urbain et beaux-arts. C'est dans cette lignée que s'inscrivent les œuvres déjà réalisées le long du Boulevard de la Paix, affirmant une cohérence artistique forte pour ce projet d'envergure.

Les premières interventions ont posé les fondations de ce projet appelé à s'étoffer : RONE en 2015 au 36 Rue du 8 Mai 1945, L7matrix en 2017 au Collège Jules Simon avec la participation des élèves, l'artiste nantais SEMOR et PEETA en 2025. Ces prémices, bien que déjà significatives, annoncent l'ampleur que prendra le Boulevard de la Paix avec les murs en prévision le long de cette artère. Chacune de ces œuvres, fruit d'un dialogue entre l'artiste et le territoire, révèle une facette singulière du néo-muralisme contemporain.

Le Boulevard de la Paix n'en est qu'à ses débuts. Les interventions à venir prolongeront cette réflexion sur la place de l'art dans la ville, confirmant pas à pas l'ambition de L'Art Prend la Rue : faire de Vannes un territoire d'expérimentation pour l'art urbain en Bretagne.