Boulevard de la Paix : Peeta et Semor ouvrent une nouvelle cartographie artistique de Vannes
Fresque murale en anamorphose réalisée par Peeta à l'Université de Padoue en Italie, en 2021. // Photo © @peeta_ead
Il est rare qu'un projet urbain cristallise à ce point les enjeux contemporains de l'art public. À Vannes, l'association L'Art Prend la Rue orchestre une intervention ambitieuse : transformer le Boulevard de la Paix en laboratoire artistique. Peeta et Semor, figures emblématiques de deux générations d'artistes, investissent simultanément l'espace urbain pour questionner les fractures géographiques de la cité bretonne.
Réparer la ville par l'art
La géographie vannetaise porte les stigmates de l'urbanisme d'après-guerre. Le Boulevard de la Paix, artère née des reconstructions, sépare physiquement le Vannes historique de ses extensions contemporaines. Cette césure urbaine devient le terrain d'expérimentation d'une "suture artistique" inédite, orchestrée par l'association locale avec le soutien de la ville de Vannes et de la DRAC.
L'approche collaborative développée avec les propriétaires privés révèle une maturité nouvelle dans les politiques culturelles territoriales. Cette coconstruction artistique place les habitants au centre du processus créatif, redéfinissant les modalités traditionnelles d'intervention dans l'espace public.
Pédagogie urbaine : l'art comme médiateur social
L'articulation du projet avec les établissements scolaires locaux traduit une ambition éducative assumée. Les interventions artistiques deviennent supports pédagogiques où la création in situ nourrit les apprentissages pluridisciplinaires. Cette programmation parallèle transforme les murs en espaces de dialogue entre artistes, enseignants et élèves, créant une dynamique territoriale inédite.
Double intervention : septembre artistique
9-17 septembre : Peeta investit le 41bis boulevard de la Paix
15 septembre-3 octobre : Semor intervient au 21 rue de l'Étang
Cette programmation croisée permet d'observer deux approches contemporaines de l’art urbain : l'une internationale et conceptuelle, l'autre locale et documentaire. Les rencontres scolaires (Collège le Sacré Cœur pour Peeta, École Jules Ferry pour Semor) enrichissent cette expérimentation par leur dimension pédagogique.
Peeta : géométries de l'illusion
Fresque anamorphique de Peeta à Livourne : l'art urbain renforce l'esprit communautaire du quartier Borgo en Italie. Sept.2022 // Photo © @peeta_ead
L'Italien Manuel Da Rita, alias Peeta, développe depuis 1993 une recherche plastique singulière autour du lettering sculptural. Son parcours témoigne de l'évolution conceptuelle du graffiti contemporain : du writing traditionnel vers une investigation spatiale complexe.
Ses anamorphoses architecturales ne décorent pas l'espace mais le révèlent. Cette approche phénoménologique transforme la surface murale en interface perceptuelle, créant des "disruptions temporaires du réel". Ses compositions géométriques, nées du dialogue ombre-lumière, redéfinissent notre appréhension spatiale et proposent une lecture renouvelée du contexte urbain.
L'intervention vannetaise s'inscrit dans une démarche internationale où l'artiste questionne systématiquement l'architecture par l'illusion optique, invitant le spectateur à reconsidérer ses automatismes perceptuels.
Semor : anatomie de la densité urbaine
Le Nantais Semor a développé depuis les années 2000 une méthode d'investigation visuelle centrée sur la notion de densité urbaine. Son travail, nourri par une pratique documentaire quotidienne, oscille entre figuration descriptive et abstraction conceptuelle.
Cette recherche plasticienne puise dans l'observation systématique de l'environnement urbain et naturel. Ses compositions stratifiées mêlent "réseaux viaires, complexités architecturales et effervescences marchandes" aux "trouvailles fortuites, végétations sauvages et fragments paysagers". Cette approche génère un langage visuel où les "masses sans contours" dialoguent avec la précision du trait.
Sa connaissance du territoire vannetais (DéDalE, M.U.R. de Vannes) permet d'envisager une intervention en résonance avec l'écosystème artistique local, créant un dialogue entre ses différentes productions urbaines.
Semor, œuvre immersive et éphémère réalisée au rez-de-chaussée du tiers-lieu DEDALE, rive gauche du port de Vannes // Photo 2020 © Sébastien Le Gourriérec
Vers une cartographie culturelle alternative
Ces interventions inaugurent une stratégie territoriale plus large : la constitution progressive d'un parcours artistique urbain. Cette "circulation culturelle périphérique" ambitionne de redéfinir les flux résidentiels et touristiques, proposant une alternative aux circuits patrimoniaux conventionnels.
L'initiative participe d'une logique de démocratisation culturelle, rendant l'art accessible dans l'espace quotidien des habitants. Elle s'inscrit également dans une dynamique valorisation territoriale, positionnant Vannes comme destination culturelle contemporaine au-delà de son héritage historique.
Informations pratiques
Interventions :
Peeta
41bis Boulevard de la Paix, Vannes
9-17 septembre 2025
Semor
21 rue de l'Étang, Vannes
15 septembre-3 octobre 2025
Contacts :
Presse : Violaine Pondard - 06 51 67 06 45 violaine@lartprendlarue.org
L'Art Prend la Rue : lartprendlarue.com
Peeta : @peeta_ead
Semor : @the_semor
Fondée en 2017, L'Art Prend la Rue fédère une trentaine de passionnés autour de la promotion de l'art urbain. Guidée par la conviction hugolienne que "la rue constitue le cordon ombilical entre citoyen et société", l'association développe des projets culturels participatifs à l'échelle du territoire vannetais.
Événements organisés par l’association L’Art Prend la Rue avec le soutien de la ville de Vannes et de la DRAC Bretagne.